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  • LES ROYAUMES MOSSI (OU MOSSE), exposé de Kalvin

    mossi.gifLes Mossi forment une population de la boucle du Niger qui parlent une langue nigéro-congolaise du groupe de l'Afrique de l'Ouest. Vivant traditionnellement de l'agriculture et de l'élevage, ils ont historiquement joué aussi un important rôle commercial, en voyageant et en colportant à travers tous les pays de la boucle du Niger leurs produits : bandes de coton tissées dans le pays, cuivre travaillé, noix de cola, etc.

    A partir du XIe ou au XIIe siècle, les premiers royaumes mossi se sont constitués : le Gourma, le Mamprousi, le Dagomba, le Yatenga et le royaume de Ouagadougou. Ce dernier devint rapidement le plus influent. Il était dirigé par le mogho naba, à la fois roi et magicien.

    A partir du XIIIe siècle, les Mossi ont constitué deux États, ou plutôt deux fédérations d'États, dans la partie centrale de la boucle du Niger, là où la densité de la population semble avoir toujours été considérable et où elle dépasse, de nos jours, celle de toutes les autres régions du Soudan.

    Aux XIIIe et au XIVe siècles, ces royaumes s'opposèrent aux grands empires de la boucle du Niger (Mali et Songhay) dont ils n'hésitaient pas à attaquer et razzier les marges, quand ils ne s'enfonçaient pas plus profondément. La puissance de leurs armées permit aux royaumes mossi de préserver l'essentiel de leur indépendance. Mais, à la fin du XVe siècle, l'Empire Songhay établit sa suprématie sur la boucle du Niger, mettant fin aux chevauchées des Mossi.

    Jaloux de leur pouvoir, les rois mossi s'opposèrent toujours à une unification du pays mossi. Mais ces royaumes présentaient une remarquable cohésion sociale et religieuse et une stabilité politique exceptionnelle : ils se maintinrent jusqu'à la conquête française, à la fin du XIXe siècle.

    Les Mossi participèrent peu au commerce transsaharien: les grands flux d'échanges contournaient la région. Aussi l'islam ne s'implanta-t-il pas. Les Mossi furent donc beaucoup moins touchés que leurs voisins par la traite des esclaves. A la veille de la colonisation française, le centre du territoire était contrôlé par la confédération des royaumes mossi regroupant trois ensembles politiques, le Yatenga, le Wogodogo et le Tenkudogo. A l'est avait été édifié le royaume de Gurma, et l'Ouest, dominé par les souverains dioula de Kong.

     

    LA LEGENDE DE LA NAISSANCE DU ROYAUME MOSSI DU YATENGA

     

    MossiCavalry.jpgC’était avant la naissance de l’empire Mossi, il y a très très longtemps, au royaume de Dagomba, situé dans le nord du Ghana actuel et dont la capitale était Gambaga. Un grand Roi, Nédega régnait sur le Dagomba et assurait la paix, la sécurité et la prospérité de son peuple. Un royaume qui était fort et prospère apporte toujours son lot de jaloux et le roi était sans cesse attaqué par les peuples voisins, principalement par les razziasdes guerriers Malinkés qui habitaient plus au sud. Mais le roi et ses soldats, dont une légendaire cavalerie, défendaient vigoureusement le pays et parvenaient sans cesse à gagner les batailles.

    Nédega n’avait pas encore de garçon pour assurer la descendance de son règne mais avait une fille qu’il adorait et avait chéri et élevé comme son garçon. Elle était née sous le nom de Poko mais avait grandi au contact des guerriers de son père et était une guerrière du nom de guerre de Yennenga. Le roi et ses guerriers étaient donc aidés par la princesse Yennenga, une amazone extraordinaire, qui à la tête de la cavalerie défendait et conquérait des territoires. Elle vivait comme un guerrier, comme un fils de chef, montait à cheval mieux les guerriers du Roi Nédega son père. Elle se servait admirablement bien de ses armes traditionnelles : elle lançait la sanguaie et le javelot, combattait les ennemis de sa lance, les transperçait avec les flèches de son arc. Elle menait au combat les guerriers et la cavalerie de son père le Roi Nédega.

    N’ayant pas de fils et éperdument fierde la princesse Yennenga qui lui était si précieuse, celui-ci retardait le moment de la marier et la reine-mère Napoko en souffrait beaucoup, car c’est le rôle d’une mère que de marier sa fille. Celle-ci, pour attirer l’attention du roi, décida de semer un champ de Gombo qu’elle laissa mûrir et pourrir sans le cueillir. Le roi qui s’indigna de l’état du champ de Gombo lui demanda la raison. Elle lui répondit que l’évolution du champ est comme celle de sa fille : « si un fruit mur n’est pas enlevé, il durcit où il pourrit sur l’arbre » dit-elle. Le roi décida de se résigner et de trouver un prétendant selon la coutume.

    Un jour le royaume fut une fois de plus attaquée par les Malinkés, la princesse Yennenga rassembla les guerriers de son père et après les avoir combattus, elle décida des les poursuivre. Elle arriva à rejoindre et à capturer un de leurs chefs. Sur le chemin du retour, le cheval de la princesse s’emballa et se mit à courir sans s’arrêter. Le cheval poursuivit sa course folle sans arrêt jusqu’à une rivière où il s’embourba projetant la princesse Yennenga dans la rivière. C’est en ce moment qu’un chasseur d’éléphant, répondant au nom de Rialé, qui était en brousse la repêcha et la ramena jusqu’à son campement. Après que cette dernière eut repris ses esprits et se soit remis, Rialé tomba sous le charme de la princesse Yennenga. Leur union torride, donna comme fruit un garçon qu’ils décidèrent de nommer OUEDRAOGO, qui signifie «Étalon» ou plus précisément «Cheval Mâle» en souvenir du cheval de Yennenga qui lui avait fait rencontrer Rialé.

    Mais Yennenga s’inquiétait du Royaume et de son père et pressa Rialé de l’accompagner dans le royaume Dagomba. Le roi, fût très heureux de revoir sa fille, la princesse Yennenga, et accepta alors Rialé comme gendre. Quand la princesse et Rialé demandèrent à partir du royaume pour fonder leur propre village, le roi leur fit des dons de bœufs, de moutons, de chèvres, de fournitures diverses et quelques serviteurs en plus de leur confier environ trois cent sujets avec lesquels ils iront s’installer vers le sud du Burkina Faso actuel. Ils y créèrent le premier royaume Mossi (Moagha au singulier ), le royaume de Tenkodogo ( La veille Terre).

    Le fils de Yennenga, premier Mogho Naba, Naba Ouedraogo continua de règner sur ce royaume et eut lui même deux fils (des Nakomsé) : Naba Rawa et Naba Zoungrana.

    Naba Rawa se dirigea vers le Nord d’où il chassa les Dogons qui migrèrent vers le Mali, et créa le royaume mossi du Yatenga avec pour capitale Ouahigouya.

    Le second resta dans le royaume de son père et le consolida. Un cousin de Ouedraogo, Diaba Lompo partit vers l’Est et créa le royaume du Gourma près de l’actuel Fada N’gourma. Ce dernier royaume ne fait actuellement plus partis officielement de l’empire Mossi, mais son histoire restera attaché de près à celle de la formation du royaume Mossi issue de la descendance de Yennenga fille de Nédega Roi du Dagomba.

     

    LE MOGHO NABA

    mossi3.jpgDans l'histoire Burkinabè, le Mogho Naba, représentant du soleil, était grandement vénéré, souverain très respecté par les Mossi, est le gardien des coutumes, le chef suprême de l'administration, de l'armée et de la justice. Il est traditionnellement choisi par les hauts dignitaires de la cour dans la descendance d'Oubri ou Wubri.

    Oubri était le petit fils de Ouedraogo, fondateur du royaume Mossi au XIIIe siècle et fils de la légendaire Yennenga. Oubri, premier Mogho Naba, a fondé la ville de Ouagadougou. D'après Titinga Frédéric Pacéré , le Mogho Naba est choisi parmi la descendance mâle du dernier Mogho Naba par les membres du conseil.

    Dans la tradition, il est considéré comme tout puissant avec droit de vie et de mort sur les habitants de Ouagadougou et de l'Oubritenga. Dans la pratique, son pouvoir était soumis à la coutume et à la loi des pères. Il personnifie l'empire et incarne son unité mais le pouvoir est en réalité entre les mains de la cour de Mogho Naba, ministres qui prennent les décisions et gouvernent le pays. Cette organisation complexe des pouvoirs est matérialisée chaque vendredi lors de la cérémonie du faux départ du roi.

    Le Mogho Naba n'a pas d'autorité sur les autres royaumes de Tenkodogogo, de Fada N'Gourma, de Boussouma et de Ouahigouya dont les souverains seraient comme lui descendants de Yennenga, la légendaire princesse fondatrice des royaumes mossi du Burkina Faso. Jusqu'en 1947 les souverains de ces quatre royaumes ne pouvaient ni se rencontrer entre eux, ni rencontrer le Mogho Naba de Ouagadougou. Aujourd'hui cet interdit est levé et les souverains se rencontrent souvent.

    Actuellement, le Palais du Mogho Naba n'est pas ouvert au public. Le Mogho Naba peut également accorder des entrevues, entouré de tous ses ministres que sont:

    • Le Tansoba, deuxième personnalité de l'empire, chef de la guerre ne résidant pas à ouagadougou. Il devra mourir sur le champ de bataille en cas de défaite.
    • Le Ouidi Naba, chef de la cavalerie.
    • Le Goungha Naba, chef de l'infanterie.
    • Le Baloum Naba, l'intendant et porte parole de l'empereur. Son ancêtre était un neveu de la famille du Mogho Naba.
    • Le Larlé Naba, chef des tombes royales.
    • Le Kamsonghin Naba, chef des eunuques.
    • Le Dapoya Naba, chef de la sécurité du Mogho Naba.